La Méditerranée dessine autour de la Corse un trait d’union entre ciel et terre, une frontière mouvante où le minéral dialogue avec le liquide dans une palette infinie de bleus. Découvrir l’île de Beauté depuis la mer, c’est accéder à une géographie secrète, criques inaccessibles par la terre, grottes marines aux voûtes vertigineuses, falaises où nichent les aigles, villages perchés qui semblent défier les lois de la gravité. Les promenades en bateau révèlent une Corse différente, une île sculptée par les vagues et le vent, où la pierre rouge des calanques flamboie sous le soleil, où les fonds marins abritent des trésors de biodiversité, où l’histoire maritime se lit dans la silhouette des tours génoises. Du cap Corse au sud sauvage de Bonifacio, de la réserve de Scandola aux îles Lavezzi, ces escapades marines composent une invitation au voyage qui transcende la simple excursion pour devenir expérience sensorielle totale.
La réserve naturelle de Scandola demeure l’une des perles les mieux gardées de Méditerranée occidentale. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette étendue de dix mille hectares où terre et mer se partagent à parts égales ne se visite que par bateau, préservant ainsi son caractère sauvage et préservé. Les embarcations quittent généralement Porto, Cargèse ou Galéria au petit matin, profitant de cette lumière particulière qui fait vibrer les roches de mille nuances orangées.
Les falaises de porphyre rouge, vestiges d’une activité volcanique ancienne, plongent verticalement dans des eaux d’un bleu profond où jouent dauphins et mérous. Les formations géologiques composent un bestiaire minéral, on distingue ici une tête d’éléphant, là un profil d’aigle, ailleurs un château fort naturel aux tours effilées. Les grottes marines invitent à pénétrer dans des cathédrales aquatiques où la lumière filtre en rais obliques, illuminant les parois d’un éclat surnaturel.
La faune aviaire règne en maîtresse absolue, balbuzards pêcheurs, faucons pèlerins, cormorans huppés nichent dans les anfractuosités inaccessibles. Sous la surface, les herbiers de posidonie ondulent comme des prairies sous-marines, abritant une biodiversité exceptionnelle que les masques et tubas permettent d’observer lors des arrêts baignade.
L’excursion se prolonge généralement vers les calanques de Piana, autre site UNESCO où le granite rose a pris des formes fantasmagoriques. La Corse révèle ici sa capacité à surprendre, ces sculptures naturelles semblent œuvres d’un artiste démiurge qui aurait passé des millénaires à polir, éroder, façonner la roche. Le Cœur, le Château, la Tortue… les noms donnés à ces formations témoignent de l’imagination fertile des marins qui depuis des siècles fréquentent ces eaux.
Les skippers connaissent les meilleurs mouillages pour déjeuner à l’ancre, baie de Girolata, accessible uniquement par la mer ou après une marche de plusieurs heures, offre son petit port ceint de maisons aux volets bleus, son ancien fortin génois, son atmosphère d’îlot hors du temps. Certaines promenades incluent une halte dans ce hameau préservé où règne une douceur de vivre insulaire que rien ne semble pouvoir altérer.
Au sud-est de Bonifacio, l’archipel des Lavezzi compose un chapelet d’îlots granitiques aux formes arrondies par l’érosion millénaire. Cette réserve naturelle, protégée depuis 1982, abrite une nature d’une pureté confondante, eaux cristallines où chaque grain de sable se distingue à plusieurs mètres de profondeur, végétation rase battue par les vents, rochers polis comme des sculptures contemporaines.
Les navettes au départ de Bonifacio effectuent la traversée en une vingtaine de minutes, franchissant les Bouches de Bonifacio, ce détroit capricieux où Méditerranée et mer Tyrrhénienne se rencontrent. La navigation offre un spectacle permanent, au nord, les falaises calcaires blanches de Bonifacio surplombent la mer de leurs soixante-dix mètres de hauteur ; au sud, les côtes sardes se dessinent dans la brume de chaleur ; entre les deux, les courants créent des zones de turbulences où l’eau prend des teintes vert émeraude.
L’île Lavezzi, principale de l’archipel, autorise les débarquements sur des plages de sable blanc bordées de rochers granitiques aux formes organiques. Les sentiers balisés serpentent entre genévriers et lentisques, menant au cimetière marin où reposent les victimes du naufrage de La Sémillante en 1855. Ce drame, qui coûta la vie à sept cent cinquante marins, rappelle la violence potentielle de ces eaux apparemment paisibles.
Les fonds marins font la joie des plongeurs et des amateurs de snorkeling, herbiers de posidonie, tombants rocheux peuplés de mérous, grottes sous-marines où dansent les sars et les castagnoles. La clarté de l’eau permet d’observer la vie sous-marine avec une précision rarement égalée en Méditerranée. Les bancs de saupes argentées glissent entre les blocs de granite, tandis que les girelles paon arborent leurs couleurs chatoyantes.
Certaines excursions prolongent la navigation vers les grottes marines de Bonifacio, accessibles uniquement par beau temps. Le grain de sable, l’escalier du roi d’Aragon, la grotte Saint-Antoine… ces cavités creusées dans la falaise calcaire offrent des spectacles de lumière et d’ombre où l’eau prend des couleurs irréelles, du bleu électrique au vert jade.
Entre Saint-Florent et l’Île-Rousse, le désert des Agriates déroule quarante kilomètres de côtes sauvages où le maquis descend jusqu’aux criques de sable blanc. Le terme « désert » prête à confusion, loin d’être aride, ce territoire se couvre au printemps de fleurs sauvages et d’arbustes odorants. Il désigne plutôt l’absence d’habitation, l’impression de bout du monde qui saisit le visiteur face à ces étendues préservées.
Les navettes maritimes au départ de Saint-Florent constituent le moyen le plus agréable d’accéder aux plages de Saleccia et du Lotu, véritables joyaux méditerranéens. La traversée longe d’abord la pointe de la Mortella avec sa tour génoise solidement ancrée sur son promontoire rocheux, sentinelle impassible face aux invasions d’autrefois. Le regard porte au loin sur le cap Corse qui s’étire vers le nord comme un doigt pointé vers Gênes.
La plage de Saleccia apparaît comme une vision, un kilomètre de sable blanc immaculé bordé de pins parasols, des eaux turquoise qui dégradent vers le bleu profond, une arrière-dune où prospèrent genévriers et immortelles. Le site servit de décor au débarquement dans le film « Le Jour le plus long », témoignant de sa ressemblance troublante avec certaines plages normandes. La baignade y atteint des sommets de pureté, l’eau transparente, la douceur du sable, l’absence de constructions créent une sensation de liberté totale.
La plage du Lotu, plus intime, se love au fond d’une anse protégée. Son sable est plus grossier mais le cadre demeure enchanteur, avec ses rochers granitiques qui ponctuent le rivage. Les mouillages devant ces plages permettent aux plaisanciers de profiter du site en dehors des heures d’affluence, notamment au coucher du soleil quand la lumière rasante embrase le maquis.
Les excursions peuvent se prolonger vers d’autres criques accessibles uniquement par bateau, Malfacu, Ghignu, Fiume Santu… autant de noms qui évoquent une géographie secrète connue des seuls initiés. Ces mouillages sauvages offrent des expériences de baignade incomparables, loin de toute civilisation, face à une nature préservée dans son état originel.
Le cap Corse s’avance sur quarante kilomètres dans la Méditerranée tel un doigt pointé vers le continent. Cette « montagne dans la mer » se découvre idéalement depuis un bateau qui en suit le pourtour, révélant une succession de marines pittoresques, de tours génoises, de criques dissimulées dans les replis de la côte déchiquetée.
Les promenades au départ de Bastia, Saint-Florent ou Macinaggio permettent d’embrasser du regard ces paysages verticaux où la roche schisteuse plonge abruptement dans des eaux d’un bleu intense. Le littoral oriental, plus doux, alterne plages de galets et petits ports, Erbalunga avec ses maisons serrées autour d’une tour génoise en ruine, Sisco et sa marine lovée au fond d’une baie tranquille, Macinaggio ancienne capitale du cap avec son port de plaisance animé.
La pointe du cap, où se dresse le phare, marque la jonction entre mer Tyrrhénienne et mer Ligure. Les courants y créent des zones de turbulences où les bancs de thons viennent chasser au printemps, attirant les pêcheurs professionnels et sportifs. Les îles Finocchiarola, réserve ornithologique, abritent des colonies de goélands et de puffins qui nichent dans les anfractuosités rocheuses.
La côte occidentale se révèle plus sauvage, creusée de grottes marines et ponctuée de villages perchés qui semblent défier les lois de l’équilibre, Centuri, réputé pour ses pêcheurs de langouste, Pino avec son couvent dominant la mer, Canari et ses anciennes mines d’amiante dont les installations abandonnées composent un paysage industriel fantomatique.
Les mouillages devant ces marines permettent de découvrir une Corse authentique où la vie s’organise au rythme de la mer. Les restaurants de bord de plage proposent la langouste pêchée le matin même, les pêcheurs raccommodent leurs filets à l’ombre des figuiers, les vieux du village refont le monde en jouant aux cartes. Cette Corse-là, celle des hommes de mer, se dévoile avec générosité à qui prend le temps de s’arrêter dans ces ports minuscules.
Le golfe de Porto-Vecchio dessine un vaste amphithéâtre liquide bordé de plages légendaires et ponctué d’îlots rocheux. Les excursions maritimes depuis la ville permettent d’embrasser d’un seul regard ces rivages qui comptent parmi les plus photographiés de Méditerranée, Palombaggia, Santa Giulia, Rondinara… autant de noms qui font rêver les amateurs de plages paradisiaques.
Depuis le pont d’un bateau, ces plages révèlent leur véritable personnalité. Palombaggia se déploie sur un kilomètre et demi de sable blanc où les pins parasols penchés par le vent composent avec les eaux turquoise un tableau d’une harmonie parfaite. Les rochers de granite rose qui ponctuent le rivage ajoutent une touche sculpturale à ce paysage déjà somptueux. Les îles Cerbicale, face à la plage, abritent une réserve naturelle où nichent des espèces protégées.
Santa Giulia offre son arc de cercle parfait, sa lagune aux eaux translucides où les enfants peuvent patauger en toute sécurité. Vue depuis la mer, la plage révèle son caractère presque irréel, le dégradé de bleus, du turquoise le plus clair au bleu roi du large, semble artificiel tant la nature a poussé la perfection jusqu’à ses limites extrêmes.
La baie de Rondinara, plus au sud, compose peut-être le plus bel écrin du golfe. Sa forme en coquillage, ses dimensions intimes, ses eaux calmes en font un mouillage prisé des plaisanciers. Les collines qui l’entourent se parent d’un maquis dense où prospèrent arbousiers et myrtes, embaumant l’air marin de leurs senteurs épicées.
Les excursions peuvent inclure des arrêts baignade dans des criques accessibles uniquement par bateau, Tamaricciu, Asciaghju, Pinarellu… Ces mouillages secrets permettent de profiter de la beauté des lieux dans une relative tranquillité. Les fonds marins y sont particulièrement riches, herbiers de posidonie, rochers colonisés par les nacres et les éponges, bancs de poissons qui viennent se nourrir dans ces zones protégées.
Certains skippers proposent également des sorties au coucher du soleil, moment magique où la lumière rasante embrase les plages et les collines d’une lueur dorée. Le retour vers Porto-Vecchio s’effectue dans le calme du soir naissant, accompagné parfois par le saut des dauphins qui viennent jouer dans le sillage du bateau.
De Cargèse à Propriano, la côte ouest de la Corse déroule un littoral varié où alternent plages de sable fin, calanques rocheuses et promontoires granitiques. Les promenades maritaires le long de ce rivage permettent de découvrir une succession de sites remarquables dans un cadre préservé où la montagne corse plonge directement dans la mer.
Le golfe de Sagone offre ses longues plages de sable doré bordées d’une pinède odorante. Les îles sanguinaires, à l’entrée du golfe d’Ajaccio, composent un archipel de porphyre rouge où nichent de nombreuses espèces d’oiseaux marins. La tour de la Parata, dressée sur son promontoire face aux îles, servait autrefois à surveiller les incursions barbaresques.
Plus au sud, le golfe de Valinco présente un visage plus intime avec ses criques dissimulées et ses plages confidentielles. Propriano, petite station balnéaire au fond du golfe, sert de point de départ pour des excursions vers Campomoro et sa tour génoise monumentale, la plus imposante de Corse. Le site de Tizzano, village de pêcheurs au bout d’une route sinueuse, se découvre idéalement depuis la mer, révélant son caractère authentique préservé du tourisme de masse.
La plage de Cupabia, accessible par une piste ou par bateau, étire son sable blanc sur plus d’un kilomètre dans un cadre sauvage souligné par les montagnes de l’Alta Rocca. Les eaux y sont d’une limpidité exceptionnelle, permettant d’observer les fonds marins sans même avoir besoin de masque.
Les promenades en mer en Corse constituent une véritable initiation à l’âme de l’île. Depuis le pont d’un bateau, la géographie corse révèle sa cohérence, cette montagne dans la mer se comprend mieux quand on observe ses falaises plongeant à pic, ses villages accrochés aux pentes comme des nids d’aigles, ses criques inaccessibles qui servirent de refuges aux corsaires et aux résistants. La lumière méditerranéenne, la transparence des eaux, la richesse des fonds marins, la diversité des paysages côtiers composent un patrimoine naturel d’une valeur inestimable. Qu’il s’agisse d’une courte sortie de quelques heures vers les plages du désert des Agriates ou d’une journée complète à explorer la réserve de Scandola, ces escapades marines laissent des souvenirs impérissables. Elles rappellent que la Corse fut de tout temps une île de marins, une terre où la mer n’est pas frontière mais horizon, promesse d’évasion et de liberté.
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